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vendredi 28 décembre 2012

Yaoundé : Un amour à deux vitesses

Dans son premier ouvrage, Hervé Madaya peint la société camerounaise sous le prisme d'une relation entre une pauvre et un riche étranger.

A ceux qui l'ont déjà rencontré dans les couloirs des cercles littéraires de Yaoundé qu'il fréquente assidûment, il n'a sans doute pas échappé que ce jeune écrivain avait par-dessus tout une passion pour l'écriture. Une passion qui a trouvé en une figure comme Calixte Beyala un tuteur à qui il fallait un jour ressembler. Lui dont les manuscrits sont loin d'avoir connu le sort d'être publié et qui doivent piaffer d'impatience dans les tiroirs où leur auteur les a cachés, lui qui écrit sans relâche depuis des années.
A ceux qui avaient eu l'occasion de parcourir "Le vengeur", ce collectif fruit d'un atelier d'écriture sur la nouvelle animé par le regretté Séverin Cécile Abega en octobre 2004, qui parût au premier trimestre de 2005, il n'avait aussi pas échappé le talent en friche de Hervé Madaya. Qui y avait consacré deux nouvelles qui frappèrent les esprits par leurs petites longueurs sans pour autant manquer de profondeur et de densité. Depuis lors, les lecteurs avaient guetté la prochaine livraison avec une certaine lassitude, espérant qu'elle confirmerait l'allant et un style pour le moins iconoclaste pour ce qui est de l'écriture de la nouvelle.
Avec ce vrai premier ouvrage, le jeune auteur semble être allé au-delà de ces espérances-là. Tant il a mis un point d'honneur dans ce livre à faire une description que les nouvelles de Le vengeur n'avaient pas laissé entrevoir. Faisant d'une banale histoire d'amour entre une jeune Camerounaise et un expatrié ouest-africain en service dans son pays un sujet de fiction de qualité. Ce faisant, il recourt à une technique de narration qu'avait consacrée en son temps Séverin Cécile Abega dans des écrits comme Les bimanes ou Les femmes ne boivent pas du whisky. Au passage, on découvre une langue belle, parfois châtiée, mais toujours simple et servie par une syntaxe sobre. Pour un style tout en douceur comme si l'auteur voulait prendre son temps. Histoire de ne pas griller une histoire finalement intéressante malgré son côté difficile qui confine à la tragédie. Car le petit Saër qui donne le titre de l'ouvrage n'est pas venu au monde comme tout le monde. Il a donné le tournis à sa mère Kony avant de faire le bonheur de son père Alassane qui était en manque malgré de nombreuses aventures amoureuses. Sa parturition aura été aussi l'occasion pour l'auteur de brosser le tableau peu reluisant d'une société camerounaise qui ne fait pas de cadeaux à une jeunesse qui ne demande qu'à vivre. Une société où le fossé entre les riches et les pauvres se creuse chaque jour davantage.
 

A la dédicace de son 2è roman en novembre 2012.
 Certains ne manqueront pas en parcourant l'ouvrage de s'attarder sur ces effluves d'érotisme qui confinent à la pornographie. Car l'auteur -on l'a dit marqué par Beyala qui a connu la célébrité en surfant sur la vague sexuelle- n'a pas hésité à porter le lecteur jusque dans l'intimité de coïts osés et douloureux des deux principaux protagonistes d'abord amoureux, puis séparés par la naissance du bébé tant attendu et finalement emporté par son papa. En décidant de raconter l'histoire sous le prisme de la jeune fille, Hervé Madaya prend sans doute le parti du faible, laminé à la fois par un environnement sexiste et l'ombre masculine. Si on n'en ressort pas bouleversé, on est tout de même marqué par cette écriture soignée qui n'empêche pas au récit d'être haletant et moralisateur sur les attitudes que commande l'amour de l'autre.

Parfait Tabapsi

jeudi 27 décembre 2012

Jean marie Ahanda: mon bikutsi à moi

Musique, entretien
En compagnie de ses enfants à Baltimore.
Le 24 octobre dernier, Théodore Epémé alias Zanzibar entamait sa 25è année dans le caveau familial à Okola. Le 6 novembre, c’était au tour du régime dit du Renouveau de fêter son 30è anniversaire alors que le ‘Festi Bikutsi’ annonçait des couleurs pour une énième édition. Des dates que nous avons tenu à célébrer à notre manière en donnant la parole à l’un des pionniers de la chronique musicale, l’un des plus brillants arrangeurs de sa génération et surtout le concepteur du groupe mythique «Les Têtes Brûlées» qui allait contribuer à affirmer par delà les frontières nationales le genre bikutsi. Installé à Baltimore depuis juillet, «John» a répondu à nos questions avec la franchise qu’on lui connaît, mettant au passage nombre de choses au point. Pour le bonheur des mélomanes du bikutsi qui n’oublient pas que le premier disque d’or de l’ère du Renouveau était un magnifique album du groupe «Les Vétérans».

Quel est l’environnement musical au début des années 80 quand tu y fais ton entrée sous ta double casquette d’instrumentiste et de chroniqueur ?
Je suis entré à Cameroon Tribune en 1981 et ai intégré la rédaction comme reporter culturel en 1982 après avoir quitté le service de relecture. En créant littéralement le bureau Culture mené par Antoine Ahanda, nous avons inauguré le principe de la couverture systématique et gratuite de tous les événements culturels. C’est aussi l’année où ce qui devait devenir l’Equipe Nationale du Makossa a commencé de s’imposer au public, faisant oublier Prince Nico Mbarga et Sam Mangwana, et quelques Occidentaux. La raison, un groupe de bons instrumentistes dont j’avais fait partie au tout début avant de quitter la France en 1979. Avec Douglas Mbida, Jimmy Mvondo Mvele et Jacob Desvarieux, nous avions réalisé un 33 tours de notre formation le Zulu Gang. Mon job et mon expérience sur le terrain m’ont permis de mieux constater l’état des lieux qui ne ressemblait en rien à ce que la radio proclamait tous les jours. En effet, le niveau de corruption des animateurs et des quelques organisateurs n’avait pour effet que de noyer définitivement le public. Moustick Ambassa, Justin Bowen et quelques autres ayant quitté le cabaret ‘Philantrope’ pour la Grèce, Yaoundé n’avait plus qu’un seul groupe vivant au cabaret ‘Escalier bar’, Les Vétérans. En matière de studio, il y avait le tout nouveau 16 pistes que Samuel Mpoual savait à peine piloter, mais qui venait d’enregistrer Ange Ebogo Emérent et surtout Georges Seba. Surtout lui parce que c’était un étudiant aux idées neuves et qui démontrait grâce à son large succès que cette cadence "villageoise" avait de l’avenir. Cependant il n’avait pas désigné sa musique du nom de ‘bikut si’. Dans le paysage, il y avait aussi à travers la seule radio des bons moments dus à d’anciens de ce qu’on appelait Ekang, Nyeung, etc. Le public alors réduit aux seuls Betis connaissait les Maurice Elanga, (dit Elamau, devenu militaire), Emérit Gaston Akono, Clément Ndo qui avait dirigé les fameux Titans de Sangmelima dont la séparation avait donné Les Vétérans et leur avait valu de s’installer a ‘Escalier bar’.

Parlant des Vétérans justement, l’on se souvient que ce groupe a remporté le premier disque d’or de l’ère du Renouveau. Cette récompense peut-elle être considérée comme le déclenchement de la popularisation du genre bikutsi au Cameroun ?
La pochette des Vétérans en 1984.
Leurs précédents enregistrements n’étaient pas disponibles sur le marché et leur qualité n’aurait supporté le raz de marée qui venait de Paris. J’avais connu Claude Tchemeni qui était vendeur de disques a Yaoundé lors de sa tentative fructueuse de produire Mama Ohandja au Centre culturel français devenu trop étroit pour les supporters Eton qui avaient même arraché le portail alors qu’on leur disait que la salle était pleine. Tout ceci présageait d’une réalité souterraine que je percevais tandis que le makossa, parvenu à l’âge des querelles intestines entre Guillaume Toto et  Aladji Touré, tournait un peu en rond. Afin d’annoncer les nouveautés du makossa, je m’étais rapproché de Tchemeni et son magasin, ce qui nous donnait l’occasion souvent de deviser en fin de soirée. Un jour, il m’a confié qu’après avoir mal géré son atelier de froid qui l’avait précédemment enrichi, il avait dû se retrouver vendeur de disques et voulait de nouveau retrouver l’aisance. Je lui ai dit d’entrer dans la production. Mais en vendeur et même souvent copieur sur cassettes, il ne rêvait que d’abandonner ce métier. En insistant, il m a proposé Anne Marie Nzié et Narcisse Kouokam, un humoriste prometteur. Je lui ai proposé à la place Les Vétérans. Pour vaincre sa réticence, je l’ai invité à ‘Escalier bar’ le vendredi suivant et il a suffi de cette soirée pour qu’il comprenne et accepte ma proposition. Notre chance a voulu que quelques temps plus tôt j’aie rédigé un reportage de 5 articles sur le phénomène ‘Escalier bar’ dans les colonnes de Cameroon Tribune, et aidé ainsi à décomplexer ceux qui hésitaient à y aller, ce qui s’est ressenti dans l’ambiance et les recettes. Ordinairement, ce dancing ne connaissait d’effervescence que le dimanche à la sortie des tontines et au retour du stade. Avec Les Vétérans, nous avons décidé non seulement d’enregistrer au studio multipistes mais également de mixer en France. C est ainsi que j’ai créé le label Ebobolo Fia pour illustrer la modestie de nos moyens du début. Clo Clo Tchemeni ayant bénéficié d’un coup de pouce d’amis expatriés enseignant au lycée français Fustel de Coulanges a donc pu aller en France où l’attendaient mes amis du Zulu Gang pour le mixage et surtout les cuivres de Jimmy Mvondo Mvele.
Et là la magie opère avec un album aux titres devenus depuis cultes dans l’histoire musicale du Cameroun !
Oui. Mais il faut dire que j’avais pris une précaution supplémentaire du fait de ma vision du marché, et de la réalité sociale. Presque tout le pays était équipé de radiocassettes et le makossa ne paraissait qu’en vinyles, j’ai donc exigé de Clo Clo qu’il ne fasse que des cassettes et quelques disques seulement pour la radio qui ne diffusait pas encore de cassettes. C’est ainsi que Les vétérans est devenu le groupe le plus écouté et vendu de 1983 grâce à la qualité et à l’impossibilité de piratage assurée en plus grâce à une pochette originale sur cassette et un historique rédigé pour le client. En une semaine, Ebobolo Fia est devenue la première production sur la place. En plus pour protéger aussi bien Clo Clo que le groupe d’une possible querelle après ce premier succès, et surtout assurer la continuité du feeling, j’avais enregistré à cette première occasion de quoi faire deux albums littéralement pour le prix d’un. Malheureusement, dès que Les Vétérans est devenu disque de l’année et a touché son premier million, Clo Clo et Ebobolo Fia étaient déjà stratégiquement loin de moi. Cependant, j’avais autre chose en vue.

mercredi 26 décembre 2012

Bona, enchanteur indécrottable

Musique

Richard Bona, Yaoundé, 12/2012.
Interagir avec le public, blaguer avec lui, jouer avec lui, lui confier parfois les rênes de céans, Richard Bona sait y faire. Surtout quand lui vient l’occasion de prester chez lui, en ce pays qui l’a vu naître et grandir avant l’envol et la notoriété mondiaux dont il est l’apanage depuis plus d’une décennie maintenant. En répondant massivement à l’appel du concert du 22 décembre dernier, le public de Yaoundé n’attendait pas autre chose. Il était alors question pour lui de communier avec celui qui a fait des retours au pays une préoccupation de premier ordre comme on peut le constater en parcourant son agenda de ces dernières années. Même si ces retours très calculés se faisaient très souvent pour des concerts privés ou presque. Car depuis sa prestation en public à l’occasion de l’événement «Yaoundé en fête» voici quelques années, le public n’avait plus eu le bonheur de le voir en vrai.
Samedi dernier, il a failli être déçu. La faute à un retard inexplicable et inexpliqué (près de 2h) ainsi qu’à une sonorisation défaillante. Dans ce Palais des congrès garni, où Aladji Touré avait célébré en 2011 son 30è anniversaire en grandes pompes avec une sono au point, les organisateurs ont joué un mauvais sketch. D’ailleurs, pour la première partie, on n’a rien pu saisir de la performance du groupe emmené par le DG d’Orange Cameroun himself.
Bona & band, Yaoundé, Dec. 2012.
Grand seigneur, Bona est arrivé sur la scène plus fringant que jamais, déterminé et visiblement désireux de donner au public pour son argent. Il a ainsi puisé dans toute sa patience et toute son expérience des scènes du monde pour surmonter l’Himalaya d’un son approximatif. Avec à ses côtés son compagnon de plus 10 ans Etienne Stadwick au piano ainsi que trois instrumentistes jeunes mais talentueux, il a donné du baume au cœur d’un public meurtri par cette conjoncture déplorable. Ce faisant, il a distillé bonne humeur et plaisir là où tout prêtait à la disgrâce et au désenchantement.
De cette performance finalement digne du héros du jour, l’on retiendra son penchant pour la bossa nova et ses dérivés sud-américaines, la communion avec le public –avec notamment ce morceau dédié à l’ancien ministre Delphine Tsanga. Seules ombres au tableau, la durée du spectacle que le public aurait aimé plus longue et la quasi absence de nouveaux titres. Car en dehors du magnifique morceau d’ouverture, tous les autres titres provenait d’un répertoire connu. Mais peut-être que notre héros, fécond comme pas deux n’a pas souhaité prendre de risque vu la qualité du son. L’on regrettera aussi son départ un peu précipité de la scène à la fin. Lui qui partout ailleurs soigne très souvent sa sortie. On est finalement parti en espérant que le prochain passage sera mieux maîtrisé.

Parfait Tabapsi
   

mercredi 19 décembre 2012

Coulisses et humeurs des JCC 2012

Spécial JCC 2012

Mohamed Mediouni : Président du Comité directeur, Tunis, 11/012
Unanimité
A en croire le jury de la compétition internationale longs métrages fiction, le Tanit d’or a été choisi à l’unanimité par ses membres. Une version qu’une de nos sources ne conteste pas. Sauf que pour nous, «La pirogue» de moussa Touré qui renforce les cliché sur l’Africain ne méritait pas cette distinction. A la place, «Tey» de son compatriote Alain Gomis était incontestablement meilleur. Ou alors «Mort à vendre» du Marocain Faouzi Bensaïdi qui a néanmoins décroché le Tanit d’argent. Le jury était composé de : Ali Louati (Tunisie), Ahmed Abdallah (Egypte), Liana Badr (Palestine), Jean-Pierre Bekolo Obama (Cameroun), Yves Boissef (France), (Carole Karemera (Rwanda), Reza Mirkarimi (Iran)

«Prix parallèles»
Avant la grande cérémonie de clôture des JCC au cinéma ‘Le Colisée’, celle des «prix parallèles» a eu lieu à l’hôtel ‘Tunisia Palace’. Son palmarès est le suivant : prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI) : «Les chevaux de Dieu» du Marocain Nabil Ayouch ; Prix de l’Union générale des travailleurs tunisiens : les Tunisiens Karim Ben Hamouda (meilleur monteur) et Hatem Nachi (meilleur photographe) ; Prix Don Quichotte de la Fédération internationale des ciné-clubs : «Quand je t’ai vu» de la Palestinienne Anne-Marie Jacir ; Mentions spéciales :  «Parfums d’Alger» de l’Algérien Rachid Belhadj et à «Le professeur» du Tunisien Mahmoud Ben Mahmoud ; Prix de la Chambre syndicale des producteurs : «Le fond du puits du Tunisien Moez Belhassen. Une cérémonie qui a aussi connu des hommages rendus aux pionniers de l’industrie cinématographique, notamment les techniciens qui ont consacré leur carrière dans des équipes de production de films tunisiens comme, Kahena Attia (monteuse), Hechmi Joulak (ingénieur du son), Saïda Ben Mahmoud (scripte) ou Ahmed Zaâf (directeur photo).

Satisfaction
Pour Clément Tapsoba, le représentant du Délégué général du FESPACO, les JCC l’ont rendu enthousiaste pour deux raisons : «cette session me permet de découvrir les mouvements populaires en Tunisie et la manière dont ils ont été mis en image par les professionnels. Ensuite en tant que membre du comité de sélection du FESPACO et directeur artistique et technique de ce festival, j’ai pu prendre contact avec beaucoup de professionnels et découvert pour les sélectionner leurs films.»

Racisme ?
Le vocable a souvent été entendu de la bouche des ressortissants d’Afrique noire tout au long de la semaine. L’on a entendu les plaintes dès les premiers jours au sujet de la programmation qui n’avait prévu aucune projection de film d’Afrique noire au Colisée, la salle qui a abrité les cérémonies d’ouverture et de clôture. Selon certaines indiscrétions, le Sénégalais Moussa Touré, qui n’avait pas encore remporté le Tanit d’or, s’en est ouvert à certains membres du comité d’organisation avec véhémence. Sans que cela ait quelque conséquence positive. Autre théâtre de discorde a été le film market où ne figuraient que des productions au monde arabe. Pour le plus grand désespoir des Africains. La panoplie s’est complétée au lendemain des récompenses de l’atelier des projets. Sur les huit projets retenus, aucun d’Afrique noire. Dans les rues, les Noirs ont souvent été l’objet d’invectives sans plus. L’envoyé spécial de Mosaïques a ainsi été souvent appelé ‘africain’ par des Tunisois qui n’en sont pas moins eux-mêmes africains ! Tout cela alors même que l’affiche des JCC mettait en exergue une femme noire.

L'affiche 2012.
Marché
Du 21 au 23 novembre s’est déroulé le marché du film, «prolongement commercial des JCC» selon les organisateurs. Une activité soutenue par le programme «Euromed Audiovisual» de l’Union européenne. Une occasion qui a vu une cinquantaine de films être présentés et qui a permis aux réalisateurs, producteurs et diffuseurs de se retrouver pour négocier les acquisitions de droit commerciaux. Des rencontres auxquels n’ont pas été associés les cinéastes et producteurs d’Afrique noire. Ce qui a provoqué des grincements de dents quand on sait que cette activité était bel et bien une section des JCC, qui indiquait pourtant que «ce marché du film peut être considéré comme un forum arabe et africain pour la production cinématographique et le prolongement commercial des JCC».

«Cinéma retrouvé»
Les JCC ont aussi été l’occasion pour le projet «Cinéma retrouvé» d’être présenté au public. Surtout pour les passionnés d’histoire. Un projet qui a consisté à restaurer des chefs d’œuvre qui ont marqué l’histoire du 7è art. Des films sauvés de l’oubli qui ont été découvert durant toute la semaine grâce au partenariat entre les JCC et la Cinetaca di Bologna (le centre international reconnu pour la restauration cinématographique) avec le soutien de la World Cinema Foundation qui œuvre pour la restauration et les préservation des chefs d’œuvre du cinéma mondial en péril. Ainsi, pas moins de huit grands classiques africains ont été projetés parmi lesquels «Touki Bouki» de Djibril Diop Mambety ; «Le paysan éloquent» de Chadi Abdel Salam, «Reviens Afrique» de Lionel Rogozin, etc.

Littérature
Le 22 novembre, le 5è étage de l’hôtel Africa, quartier général des JCC, a connu la présentation de deux livres. Une présentation animée par le, critique français Olivier Barlet. Etaient à l’honneur «Les cinémas du Maghreb et leurs publics» ainsi que «Screens and veils Maghrebi Women’s Cinéma». Le premier ouvrage rassemble les actes du colloque de la dernière édition des JCC en 2010 qui s’était tenu sous la direction de Patricia Caillé et Florence Martin avec la collaboration de Kamel Ben Ouanes et Hamdi Aidouni. Mme Martin qui est par ailleurs l’auteure du 2è ouvrage.

FPCA
Les délégués de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), de l’Union africaine (UA), de l’Unesco et du FESPACO se sont retrouvés à Tunis pour mettre en place le Fonds panafricain du cinéma et de l’audiovisuel (FPCA). C’était au cours d’une rencontre organisée dans le cadre des JCC, avec la participation du ministre tunisien de la Culture Mahdi Mabrouk, les ténors du cinéma africain présents aux JCC ainsi qu’une foule nombreuse. A l’issue de la rencontre, la réunion du «comité d’orientation» du FPCA  a élaboré plusieurs résolutions et recommandations à la suite de débats avec les professionnels africains du secteur. Un comité composé des membres élus suivants : Férid Boughedir (Tunisien, président), Alimata Salambere (Burkina Faso, vice-présidente chargée de l’Afrique de l’Ouest), June Givanni (Caraïbes, vice-présidente chargée de la diaspora africaine), Elikia Mbokolo (RDC, vice-président chargé de l’Afrique centrale), Ahmed Bedjaoui (Algérie, secrétaire régional pour le Maghreb), Keith Shiri (Zimbabwe, secrétaire régional pour l’Afrique australe) ; Mahen Bonetti (Sierra Leone), Olivier Barlet (France), Keyan Tomaselli (Afrique du Sud), et Timothée Bassori (Côte d’ivoire) en sont les membres.

Souleymane Cissé: le cinéma africain doit recréer l’Afrique nouvelle



Spécial JCC 2012

A Tunis après l'entretien, 11/012.

Le réalisateur malien qui a eu droit à un hommage à Tunis revient sur ses absences aux JCC et indique le chemin à suivre à la nouvelle génération.

Entretien avec Parfait Tabapsi à Tunis




 Vous êtes de retour aux JCC depuis 24 ans. Peut-on savoir pourquoi ?
La raison est toute simple. Moi j’ai commencé à fréquenter ce festival depuis 1972 et ai gagné les trois prix. Après l’obtention du 3è, un Tanit d’or du long métrage, j’ai vu qu’il n’y avait aucune manifestation pour présenter mes films dans les salles de cinéma ici en Tunisie. Je me suis donc dit qu’il n’y avait plus d’intérêt à ce que je vienne encore ici si les films primés par des jurys internationaux ne pouvaient pas être projetés pour des raisons que j’ignore. Ce n’était plus ni important ni intéressant pour moi de revenir ici dans ces conditions-là.
Pourtant la belle histoire a commencé pour vous avec l’obtention d’une distinction dès votre première participation en 1972 ?
Oui cette année là j’ai reçu le Tanit de bronze avec «Cinq jours de.. ». en 1978, j’ai obtenu le Tanit d’argent avec «Baara» et en 1982 le Tanit d’or avec «Finyè, le vent». Et si avec tout cela l’on n’a pas considéré que mes films ne pouvaient être vus du grand public en salles, je me suis dit qu’il devait y avoir un problème.
Avec ce retour, avez-vous la garantie que les choses vont changer ?
Non il n’y a pas de garantie. Mais je pense qu’il y a une autre volonté et je pense que les organisateurs vont tout faire pour permettre aux distributeurs de films et aux propriétaires de salles d’accepter de diffuser les films primés ou faits ailleurs en Afrique qui sont de bonne facture.
L’on vous a vu très ému lors de la cérémonie d’hommage à vous et à votre œuvre consacrée le 21 novembre dernier. Que représente cet hommage des JCC pour vous ?
D’abord, cela est symbolique parce que c’est le premier festival qui a reconnu mon travail. De plus, la situation dans laquelle mon pays le Mali et la Tunisie se trouvent me font penser qu’il y a un bouleversement en cours dans ces deux pays. A un moment, j’ai anticipé sur ces situations, mais l’on n’a pas bien lu ou bien compris ce que je disais. Quand j’ai par exemple fait «Finyè», primé ici même en 1982 et je me retrouve à Tunis 30 ans plus loin et observe un changement radical, je me dis que ce vent (c’est la signification en français de Finyè, Ndlr) ce vent ils l’ont cautionné ici sans peut-être prendre conscience à ce moment-là. Le temps arrive que ce changement qui est déterminant dans ce film là est celui du continent tout entier.
Dans le documentaire du Cambodgien Rithy Panh à vous consacré et que l’on a projeté ici dans le cadre de l’hommage, vous définissiez déjà en 1991 le rôle du cinéaste africain. Pouvez-vous repréciser 20 ans plus loin vos attentes par rapport à vos confrères du continent ?
J’attends tout simplement que le cinéma soit l’appui de la révolution de demain. Parce que le rôle du cinéma africain c’est d’aller au-delà, de faire des choses qui ne sont pas encore exprimées dans le cinéma. Et je pense qu’on en est capables vu qu’on a des hommes et des femmes pour ce faire. Moi j’ai débuté très laborieusement avec des moyens techniques très réduits. Il faut recréer l’Afrique nouvelle, donner ce sentiment que chaque fois qu’un film africain est projeté, qu’il attire des foules, un peu comme l’ont réussi à faire nos musiciens sur la scène mondiale. Le cinéma doit pouvoir faire de même. C’est même impératif pour les cinéastes africains. Il faut qu’ils aillent au-delà de ce que nous avons fait, sinon ce serait dommage.
Cela passe pour ainsi dire par une nouvelle façon de montrer l’Afrique…
(Il coupe) Obligatoirement

Donc un regard sur l’Afrique par les Africains ?
Souleymane Cissé, Tunis, 11/012
J’ai peur de cette terminologie car elle donne d’autres connotations et je n’ai me pas beaucoup cela. Je souhaite simplement que d’autres Africains puissent faire des films à même de permettre aux Africains de s’y reconnaître et d’en tirer profit.
Ici à Tunis vous avez présenté en avant première mondiale votre dernier intitulé «Ô Sembène», un hommage au cinéaste sénégalais d’heureuse mémoire. Pourquoi cela a-t-il mis tant de temps à sortir ?
Je dois même vous dire que le film présenté n’est pas encore fini ! Il n’est pas encore mixé mais comme les JCC tenaient à ce qu’il soit montré ici, on a pu le faire. Pour revenir à votre question, ce film-là il est trop personnel. On peut y adhérer ou non, mais il va permettre de savoir qui était l’homme cinéaste Sembène Ousmane. Sur la durée, on a procédé au montage petit à petit. Je dois dire qu’au début du tournage et alors que je filmais moi-même, je n’avais pas un projet de film. Avec le temps, et en revoyant les images, je me suis convaincu qu’il fallait faire un hommage à ce grand monsieur. C’est donc un film très personnel.
Pour vous que représentait Ousmane Sembène ?
Il est pour moi un symbole, c’est-à-dire quelqu’un qui a toujours cru en l’Afrique. C’était un visionnaire, un pionnier. On peut ne pas aimer l’homme mais ses œuvres et son combat nous mettent d’accord pour le respecter et lui donner toute sa place.
Quel regard portez-vous sur les JCC 2012 ?
Sincèrement, je pense que les choses sont en train de se projeter, de se dessiner. Mais l’image n’apparaît pas encore. Il y a certes un cafouillage mais nous en avons vu d’autres. Il faut encourager les organisateurs qui ont souffert du manque de moyens. On avait institué ce festival pour l’Afrique, mais il a basculé vers le monde arabe. Ce qui n’est pas mauvais au demeurant sauf qu’il a diminué l’intérêt de l’Afrique. Avec cette édition, je pense qu’un retour vers l’Afrique est en marche et c’est le seul moyen pour les deux parties du continent d’avancer ensemble. Et comme l’a dit le ministre tunisien de la Culture, un e politique sud-sud est plus profitable au continent qu’une politique nord-sud.
Une question plus personnelle. De ces années de formation à Moscou dans les années 60, que vous est-il resté ?
(Il tranche) La langue russe.