Musique
Une attitude durant le concert à IFC de Yaoundé |
La dernière fois que le groupe avait presté dans la capitale remonte à
deux ans. C’était en mai 2010 lors de la date inaugurale de la tournée
nationale de présentation de leur 3è opus «Fly Away». On était alors loin de
s’imaginer qu’une traversée du désert allait suivre, avec une tempête qui
risquait d’anéantir le groupe de 15 ans à jamais. C’est avec impatience et
appétit que le public a donc fait le déplacement de l’Institut Français du
Cameroun de Yaoundé vendredi 21 septembre 2012. Où il a découvert que Macase
malgré la conjoncture était bien vivant et déterminé à en découdre avec un
destin que l’on lui souhaite heureux.
Le groupe que le public a découvert et savouré est cependant aux
antipodes de celui qu’il connaissait auparavant. Dans la même salle il y a deux
ans, les Corry, Binam et Minka étaient encore là. Pour ce retour et après la
dislocation annoncée, l’on a découvert trois autres instrumentistes à la
dextérité artistique indéniable, agrémentée de trois chœurs à suivre de près
pour les années qui viennent. Le plus emblématique d’entre eux étant le
guitariste Wilfrid Etoundi que le public de Yaoundé connaissait pourtant déjà à
travers nombre de collaborations artistiques, mais aussi au moyen de son
premier opus (Bal intérieur, Takana Prod, 2009) qui avait enchanté plus d’un.
Ce soir-là, Willy hissa son jeu à un niveau plus qu’intéressant, et cela même
si ceux qui le connaissent estiment qu’il en garda un peu sous les doigts.
C’est à lui que revint non seulement d’assurer le lead vocal, mais aussi d’accompagner
la nappe de l’ensemble par une guitare qui empruntait tour à tour la voie de la
rythmique, du balafon et de la solo. Dépassant sa fonction, et sans
extravagance, il entraîna les compositions nouvelles et anciennes sur un
sentier de rythmes à la fois locaux et mixte, car le groupe, fidèle à sa
posture esthétique initiale de parler au monde à partir du Cameroun, n’a pas
rompu avec la mue.
En show case à la Solomon Tandeng Muna Foundation |
Pour ce qui est de l’esthétique et de l’esprit, Macase ne s’est pas renié
avec cette nouvelle étape. Mais il ne l’a fait que pour mieux se positionner
pour demain, tant le passé du groupe est lourd. Avec ce qu’il a montré, le
groupe peut aller encore plus loin, surtout avec cette maîtrise dans le jeu qui
lui permet d’osciller dans des territoires musicaux a priori incompatibles.
Sauf que le groupe doit intégrer que tout le monde ne peut pas chanter. Aussi,
peut-être devrait-il songer à trouver un show man, genre Marthely ou Saint Eloi
des Kassav pour permettre au public d’extérioriser sa joie avec cette frénésie
exaltante et enthousiasmante pour les musiciens.