Portrait
Tamar Tientcheu, Yaoundé, IFC, juin 2013 |
La comédienne croit en l’avenir du quatrième art et se
donne sans compter.
Depuis l’année dernière, le
public de Yaoundé ne l’avait vu que de loin. Depuis «Confessions de femmes» -un
texte de Wakeu Fogaing mis en scène au Cameroun par Eric Delfin Kwengoué- en
effet, on ne l’apercevait ici qu’à travers le tube cathodique –diverses
séries-ou alors sous pellicule –le Blanc d’Eyenga notamment réalisé par Thierry
Ntamack. Une «absence» que la programmation des Scènes d’ébène a heureusement
comblée. Pour elle et pour le public. Car Yaoundé pour Tamar Tientcheu fait
partie de l’un de ses endroits qui comptent. Devant le public donc, et sans y
avoir été préparée, malgré qu’elle venait de le jouer en France, et plus
précisément au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise dans le cadre du festival Cultures
africaines, elle est montée sur les planches avec une certaine soif. Pour
rentrer dans l’univers d’un conte intitulé «La fille au masque de bois». A la
grande surprise du public, elle a su donner d’elle-même pour être à la hauteur
de cette opportunité, permettant de voir que son carquois artistique avait pris
de la profondeur, que sa palette s’était élargie avec bonheur. L’on pourra
toujours lui remonter les bretelles sur certaines orientations scéniques mais
elle a réussi le pari de faire tenir le public exigeant de Yaoundé jusqu’à la
fin.
C’est que chez Tamar
Tientcheu, il y a une douce générosité et un sens de la solidarité qui manque
souvent au milieu artistique. Et pour mieux saisir cette spontanéité, il faut
sans doute remonter à ses origines. En cette année 2002 où elle rejoint une
joyeuse troupe composée des Eric Delfin Kwengoué, Norma Ichia, Corine Kameni et
autres Charlotte Ngo Ntamack à la Maison des jeunes et des cultures de
l’archidiocèse de Douala (MJC). Où sous la coupe de Théodore Kayessé elle va
faire ses humanités artistiques et nourrir ses fondations. Deux années durant,
elle va s’échiner à tenir le pari difficile de ne pas rester à la traîne d’une
équipée qui a depuis montré son know how. Après quoi elle s’en ira voir du côté
du Maluki théâtre de son aînée Dovie Kendo. Avec ses camarades, elle donnera
vie aux «Petites histoires de Roland Fichet», avant d’enchaîner avec d’autres
créations comme «kaba Ngondo» de Jonas Embom.
Malgré tout, la vie
artistique n’est pas des plus simples. Au creux de la vague, elle ne pense qu’à
se faire un nom. «Je ne suis pas du genre à baisser les bras», lâche-t-elle, un
sourire en coin. C’est pourquoi quand elle le peut, elle enchaîne des séances
de formation et/ou de recyclage comme cet atelier organisé par la Compagnie
Feugham de Bafoussam à Dschang en février 2009 sur le jeu de l’acteur et la
mise en scène. Occasion qui lui permettra de nouer une solide relation avec
Wakeu Fogaing et Kouam Tawa, les deux têtes de la Compagnie. Qui, après
l’atelier, lui ouvriront leurs portes pour continuer à lui instiller cette
graine de comédienne qui lui a depuis servi. «A eux, je dois une fière
chandelle et ne cesserai de les en remercier. Tout comme je dois beaucoup à
d’autres, comme à Tony Mefe, le concepteur des Scènes et à tous ceux avec qui
j’ai travaillé jusqu’ici.» si le théâtre ne lui permet pas encore de gagner sa
vie, elle reste convaincue que «l’avenir sera autrement. Je demande simplement
aux pouvoirs publics de nous aider à y croire.» Pour l’instant, elle travaille
à cette fin en étant toujours en forme sur les planches comme on a pu le
constater avec son dernier spectacle. En attendant que «Confessions de femmes
trouve des dates à l’étranger. Ce spectacle sur le sexe dit faible mérite
d’être regardé hors du Cameroun.»
Parfait Tabapsi
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